L'usine Agfa-Gevaert de Pont-à-Marcq, située dans le département du Nord, à proximité de la métropole lilloise, a joué un rôle central dans la fabrication de pellicules photographiques et cinématographiques argentiques pendant près de 90 ans. Fondée en 1935, cette usine a été un acteur clé dans l'industrie de la pellicule en France et en Europe. Cependant, en 2020, l'usine a fermé définitivement ses portes, marquant la fin d'une époque pour l'industrie du cinéma argentique et de la photographie en pellicule.
L’histoire d'AGFA commence bien avant l'ouverture de l'usine de Pont-à-Marcq. En 1867, deux entrepreneurs allemands fondent une société près de Berlin, spécialisée dans la fabrication de colorants et d'aniline, matériaux essentiels pour la production photographique. Cette société deviendra rapidement un acteur majeur de l'industrie de l'image, s'imposant grâce à des innovations notables, notamment en radiographie et en photographie. En 1932, AGFA révolutionne l'industrie cinématographique en développant le premier film couleur Agfa Color, à une époque où le cinéma se développait à une vitesse impressionnante.
Le groupe AGFA poursuit son expansion, s'implantant dans plusieurs pays, dont la France, où une usine est ouverte à Carpentras en 1929. En 1965, l'entreprise se renforce avec la fusion de Gevaert Photo Produit et Bayer, élargissant son offre pour couvrir tous les secteurs de l'industrie de l'image.
L'implantation de l'usine Agfa à Pont-à-Marcq a coïncidé avec l'essor industriel de la région dans les années 1930. Agfa-Gevaert, une entreprise belge, a diversifié sa production pour inclure des pellicules photographiques, des films pour applications médicales, ainsi que des pellicules pour cinéma argentique. Bien que la production de pellicules pour cinéma n'ait pas été l'activité principale de l'usine, elle a joué un rôle important en fournissant des pellicules pour les cinéastes professionnels et amateurs en France.
Le site de Pont-à-Marcq s'est distingué par sa capacité à répondre aux besoins croissants en pellicules de film, fournissant ainsi un soutien vital à l'industrie cinématographique, notamment pour les formats 35mm et 16mm utilisés dans la photographie et le cinéma.
En 1937, l'usine de Pont-à-Marcq commence à fabriquer des papiers et films photographiques amateurs, ainsi que des produits tels que des révélateurs et des fixateurs. L'émulsion des papiers photographiques nécessitait une grande quantité d'eau, et cette fabrication était donc particulièrement gourmande en ressources.
Au fil des années, la production s'est diversifiée pour inclure des films pour la radiographie industrielle, utilisés pour vérifier la qualité des soudures des conduites de gaz, et des films pour la photographie aérienne. L'usine a également étendu son champ d'action à la radiographie médicale, aux films Super 8, au papier d'agrandissement, et aux pellicules professionnelles pour photographes.
L’usine Agfa proposait également un service intégré pour ses clients. Lorsqu'une pellicule Agfa était achetée, le développement était inclus dans le prix. Les pellicules étaient déposées chez un photographe agréé et envoyées à l’usine de Pont-à-Marcq pour y être développées, ce qui faisait partie de l'offre complète d'Agfa à ses clients.
L'usine Agfa de Pont-à-Marcq est également un exemple marquant d'architecture industrielle de l’époque, avec des éléments caractéristiques de l'Art Déco. Cette architecture a non seulement contribué à l’identité visuelle de l’usine mais aussi à son importance dans l’histoire industrielle du Nord de la France. L'usine était un modèle d'efficacité, alliant innovation technique et esthétique industrielle.
Dans les années 1960 à 1980, l'usine Agfa a été un fournisseur majeur de pellicules argentiques pour le cinéma, les reportages et les productions photographiques professionnelles. Ses films ont été utilisés dans des films éducatifs, des documentaires et des projets photographiques à travers l'Europe. Cela a permis à Agfa de se forger une solide réputation dans l’industrie cinématographique et photographique, bien que la marque Kodak ait dominé le marché du cinéma à grande échelle.
Les pellicules produites par Agfa ont permis de maintenir la qualité des images dans le monde entier, grâce à leur fiabilité et à leur disponibilité. L'usine de Pont-à-Marcq a donc contribué à l’essor de nombreuses productions locales, tout en consolidant le rôle de la pellicule argentique dans le cinéma classique.
Cependant, l’un des inconvénients majeurs des pellicules Agfa réside dans leur conservation. Contrairement aux pellicules Kodak, les pellicules Agfa se dégradent souvent plus rapidement. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène :
Base en acétate fragile : Les pellicules Agfa étaient souvent fabriquées avec une base en acétate, qui est plus susceptible de se détériorer avec le temps. Ce phénomène est connu sous le nom de syndrome du vinaigre, où la dégradation de la pellicule dégage une odeur de vinaigre et entraîne des moisissures et une déformation du film.
Moins de robustesse des émulsions : Les émulsions des pellicules Agfa étaient parfois moins durables que celles de Kodak, ce qui augmentait leur vulnérabilité à des conditions de stockage moins idéales. Les pellicules Agfa sont ainsi plus sujettes à la dégradation chimique et à la perte de qualité d’image avec le temps.
Stockage difficile : La température, l'humidité et les variations climatiques affectent particulièrement les pellicules Agfa. Leur stabilité est moins résistante, ce qui nécessite des conditions de stockage rigoureuses pour conserver leur intégrité.
En 2020, l’usine Agfa-Gevaert de Pont-à-Marcq a fermé définitivement ses portes, mettant fin à une époque où le film argentique dominait l’industrie cinématographique. Cette fermeture a entraîné la suppression de 175 emplois et a marqué un tournant dans l’histoire de l’industrie cinématographique et photographique. L'essor des technologies numériques a remplacé progressivement la production de pellicules argentiques, rendant cette usine obsolète.
Bien que l'usine Agfa de Pont-à-Marcq n'existe plus, son héritage industriel reste un témoignage précieux de l'histoire de l'industrie photographique et cinématographique. Aujourd'hui, des visites guidées permettent aux visiteurs de découvrir l’histoire de l’usine, son architecture Art Déco et son rôle crucial dans l’industrie locale. Des institutions comme l'Office de Tourisme Pévèle Carembault proposent des circuits qui mettent en lumière l'impact de l'usine sur la région.
L'usine Agfa-Gevaert de Pont-à-Marcq représente un héritage industriel majeur dans le secteur de la photographie et du cinéma argentique. Bien que sa fermeture ait marqué la fin d'une époque pour la pellicule argentique, l'impact de l'usine perdure à travers l'histoire du cinéma et de la photographie. Le rôle de cette usine dans la production de pellicules photographiques et cinématographiques continue de vivre dans les archives et les mémoires des professionnels du cinéma et de la photographie qui ont utilisé ses films.
SUPER8FRANCE est une entreprise enregistrée au Registre du Commerce et des Sociétés sous le numéro 48285533500030 RCS Lille.
© 2005-202x SUPER8FRANCE - Tous droits réservés.
Créer et maintenir un contenu de qualité demande du temps et des efforts considérables. Nous vous remercions de respecter le travail de M. Freddy Alliotte, concepteur de ce site.
Conformément à l'article 1240 du Code civil, le parasitisme est défini comme « l’action consistant à s’immiscer dans le sillage d’autrui afin de tirer profit, sans rien dépenser, de ses efforts et de son savoir-faire ».
L'ensemble des contenus présents sur ce site, incluant articles, illustrations, graphismes, vidéos et photographies, ne peut être reproduit, même partiellement, sur aucun autre site internet, conformément aux articles L335-2 et suivants et L122-4 du Code de la Propriété Intellectuelle.